dimanche 5 octobre 2014

Les visages, Jesse Kellerman


Lorsque Ethan Muller, propriétaire d’une galerie, met la main sur une série de dessins d’une qualité exceptionnelle, il sait qu’il va enfin pouvoir se faire un nom dans l’univers impitoyable des marchands d’art. Leur mystérieux auteur, Victor Crack, a disparu corps et âme, après avoir vécu reclus près de quarante ans à New York dans un appartement miteux. Dès que les dessins sont rendus publics, la critique est unanime : c’est le travail d’un génie. La mécanique se dérègle le jour où un flic à la retraite reconnaît sur certains portraits les visages d’enfants victimes, des années plus tôt, d’un mystérieux tueur en série. Ethan se lance alors dans une enquête qui va bien vite virer à l’obsession. C’est le début d’une spirale infernale à l’intensité dramatique et au coup de théâtre final dignes des plus grands thrillers. Bien loin des polars calibrés habituels, Jesse Kellerman, styliste hors pair, nous offre ici un roman d’une indéniable qualité littéraire qui, doublée d’une intrigue machiavélique, place d’emblée le livre au niveau des plus grandes réussites du genre, tels Mystic River, de Dennis Lehane, ou L’Analyste, de John Katzenbach.

J’avais lu beaucoup de bonnes critiques sur ce roman et l’idée de départ m’avait séduite : des dessins retrouvés représentent des portraits d’enfants disparus dans les années 70. Mais la déception est vite arrivée : j’ai trouvé l’ensemble lent, le suspens quasi inexistant. J’en suis même arrivée à préférer les parties qui racontent l’histoire de la famille du galiériste Ethan Muller avant et à son arrivée en Amérique. Je l’ai lu jusqu’au bout pour voir si j’allais être étonnée par la fin, mais non, aucune surprise. C’est dommage car c’est bien écrit et certains passages sur le milieu de l’art contemporain new-yorkais sont réjouissants. C’est un premier roman, j’attends le prochain pour cerner tout à fait l’auteur.

Les anges aquatiques, Mons Kallentoft


Patrick et Cecilia Andergren sont retrouvés assassinés dans le jacuzzi de leur villa cossue. Leur fille adoptive, Ella, cinq ans, a disparu. Aussitôt, la police pense à l’enlèvement… mais il y a aussi le fleuve tout proche. Malin Fors, qui sait maintenant qu’après la grave blessure dont elle a été victime en service, elle n’aura sans doute plus d’enfant, prend l’affaire particulièrement à cœur.

Je ne connaissais pas  Mons Kallentoft et je n’ai lu aucun des romans de sa première série sur les saisons "Hiver, Printemps, Eté, Automne, La cinquième saison" qui mettent en scène le personnage de Malin Fors, enquêtrice. J’ai donc débuté avec sa nouvelle série sur les éléments sans connaître les personnages récurrents, mais ça n’a pas été franchement dérangeant, tant l’intrigue est bien menée et la psychologie des protagonistes bien traitée. 
C’est donc à Malin Fors qu’est confiée l’enquête sur le meurtre des Andergren et sur la disparition de leur fille Ella, une petite Vietnamienne adoptée. Pour Malin, retrouver cette enfant est avant tout un défi personnel, elle qui ne peut plus avoir d’enfant et qui se débat entre un compagnon volage et une fille avec qui le dialogue devient impossible. Et puis surtout, il y a sa lutte contre son vieux démon : l’alcool. Au travers de cette enquête on découvre les dessous de l’adoption entre le Vietnam et la Suède, tous ces enfants volés à leurs parents "un enfant contre un cochon" et la façon dont la Suède a "résolu" ce problème. L’intrigue est menée de main de maître, Kallentoft prend son temps mais sans jamais lâcher le lecteur, on piaffe d’impatience et on suit l’enquête avec voracité. Malin Fors est un personnage comme je les aime : ultra-sensible, torturée mais qui joue les fières à bras, elle est dévorée par la colère et la violence. Les autres membres de son équipe sont également très crédibles : plein de contradictions, de défauts mais attachants. Le style très fluide rend l’intrigue passionnante du début jusqu’à la fin. 
Une très belle découverte que cet auteur et je vais me pencher sur sa première série pour découvrir les débuts de Malin Fors.