dimanche 27 septembre 2015

Les fantômes de Belfast, Stuart Neville

Signé le 10 avril 1998, l’Accord de Paix pour l’Irlande du Nord a mis un terme à des années de guerre sanglante. Pourtant les anciennes haines n’ont pas totalement disparu. Depuis qu’il est sorti de prison, Gerry Fegan, ex-tueur de l’IRA, est devenu dépressif et alcoolique. Il est hanté par les fantômes des douze personnes qu’il a assassinées et ne connaît plus le repos. Le seul moyen de se débarrasser de ces ombres qui l’assaillent est d’exécuter un par un les commanditaires des meurtres. Dont certains sont aujourd’hui des politiciens en vue dans la «nouvelle Irlande». Gerry Fegan est devenu dangereux, il faut s’en débarrasser. Une double chasse à l’homme commence...

La guerre est terminée en Irlande du Nord, un nouvel équilibre tente de s’installer. Après une dizaine d’années de détention, Gerry Fegan sort de prison. Rongé par la culpabilité, il est hanté par les fantômes des victimes de son dernier attentat, ils les appellent "les suiveurs". Peu à peu "les suiveurs" deviennent si réels que Fegan ne voit d'autre solution que de les venger en tuant ses anciens acolytes qui ont orchestré l'attentat et il espère ainsi trouver la rédemption. Mais avec la fin de la guerre, certains de ses anciens "partenaires" se sont reconvertis en politiciens en quête de respectabilité et d’autres sont devenus des gangsters plutôt prospères. Alors, la vengeance de Fegan va déranger beaucoup de monde et mettre en péril le fragile processus de paix. Il va devenir l’homme à abattre. Stuart Neville nous entraîne dans l’après-guerre civile nord-irlandaise, il nous dévoile ses enjeux, sa violence omniprésente et ses anciens militants toujours dévoués à leur cause qui peinent à trouver leur place dans cette nouvelle donne. Il porte un regard sans concession sur cette Irlande qui tente de se reconstruire mais dont les bases sont si fragiles qu’elles risquent de s’effondrer à la moindre tension. Un roman haletant, qui nous happe dès les premières pages. Le rythme est rapide, la violence et la tension présentes à chaque page, c’est terriblement efficace. Gros coup de cœur. Un auteur à suivre.

La disparition d’April Latimer, Benjamin BLACK

Dans la société dublinoise conservatrice des années 1950, April Latimer, jeune interne en médecine rebelle et indépendante, laisse dans son sillage un parfum de scandale. Quand Phoebe Griffin, sa meilleure amie, découvre qu’elle a disparu depuis une semaine, elle redoute le pire... et demande à son père, le brillant mais imprévisible médecin légiste Quirke, de l’aider à retrouver sa trace. Une histoire trouble qui lève le voile sur de terribles secrets mêlant sauvagerie familiale, cruauté religieuse et haine raciale.
Benjamin Black est le pseudonyme de John Banville, écrivain irlandais récompensé en 2005 par le Booker Prize pour La Mer.


Cette disparition d’April Lartimer semblait cacher bien des secrets, mais l’ensemble est très lent, le suspens quasi inexistant. En fait, l’enquête sert de prétexte à Benjamin Black pour dresser un portrait de la société irlandaise de cette époque. Et si on met de côté l’aspect « roman noir » et qu’on se laisse entraîner dans les rues de Dublin en suivant Phoebe et son père, on rencontre des personnages hétéroclites. On se réjouit de ces portraits qui prennent vie sous la plume très acérée de Black qui ne fait aucune concession, il égratigne avec plaisir cette société irlandaise étriquée qui ne laisse pas de place à la fantaisie. Et ses descriptions du Dublin des années 50 créent une atmosphère si particulière que l’on est engloutit peu à peu dans cette bruine omniprésente. Il ne faut pas chercher le frisson d’angoisse dans ce roman mais il faut plutôt se laisser envoûter par cette atmosphère et ces personnages que Black nous peint de façon si habile et non dénuée d’humour.