dimanche 25 janvier 2015

Broken, Karin Slaughter

Le corps d’une jeune femme assassinée de manière atroce est découvert dans un lac du Comté de Grant.
Quelques heures plus tard, Tommy Braham, l’assassin présumé, un attardé mental, est arrêté après avoir grièvement un policier lancé à ses trousses. Incarcéré, il passe aux aveux et se suicide dans sa cellule. Sur les murs, son ultime message, comme un appel au secours : « Pas moi ».
Sara Linton, l’ancien médecin légiste du Comté de Grant, retourne pour la première fois dans la ville où son mari policier a été tué. Rongée par la culpabilité car Tommy a été l’un de ses patients, Sara se lance dans une enquête désespérée, persuadée que les enquêteurs locaux cachent la vérité.
Elle demande l’aide de Will Trent, l’agent fédéral du Georgia Bureau of Investigation : les deux enquêteurs vont devoir se confronter à des policiers corrompus et impitoyables.
Ainsi qu’à un redoutable tueur...

Fan de Karin Slaughter et après l'excellent Genesis, j’ai pris avec délectation ce Broken… Sara Linton est de retour à Heartsdale pour une réunion de famille. Elle ne veut y faire que l’aller-retour car si c’est cette ville qui l’a vue grandir, c’est là aussi qu’est mort son mari Jeffrey, et que vit toujours Lena Adams, celle qui, pour Sara, est responsable de la mort de Jeffrey. Mais les choses ne vont pas être aussi simples. Lorsqu’elle apprend qu’une jeune étudiante est morte assassinée, elle veut rester loin de l’enquête. Mais quand le principal suspect est un de ses anciens patients et qu’il se suicide en prison, elle fait appel directement à Will Trent pour l’aider à résoudre cette affaire. Une première : Will ne pourra pas compter « physiquement » sur Faith qui est enceinte et qui lui apportera son aide de loin. Et l’enquête va s’avérer complexe pour lui, car bien des choses ont changé au bureau du shérif depuis le décès de Jeffrey. Celui qui le remplace est un alcoolique, c’est le coéquipier de Lena et la relation qui les unit est floue, chacun cherchant à tirer partie de l’autre. L’enquête avance peu à peu mais sans tenir en haleine comme sait si bien le faire Karin Slaughter habituellement. Elle s’attache aux relations entre les personnages mais c’est au détriment du rythme de l’intrigue. Et quand arrive la fin, déception : le dénouement surgit de nulle part et on cherche le lien avec le reste. Ce qui m’a manqué le plus et que j’attendais avec impatience, c’était la confrontation entre Sara et Lena, et là, rien, pas le moindre échange. Même si ce livre reste agréable à lire, il n’en reste pas moins que c’est loin d’être le meilleur de Karin Slaughter et qu’il me laisse un goût amer. Attendons donc le prochain. 

    


mercredi 14 janvier 2015

Ces instants-là, Herbjorg Wassmo

Elle grandit dans le nord de la Norvège, entre une mère insaisissable mais présente, une petite soeur qu’elle protège, un père qu’elle méprise avant de le haïr. Elle n’est pas coupable du mal qu’il lui fait. 
Puis elle aime le rock, la danse, les mains de l’apprenti électricien. Elle surnage face à la honte, part à la ville étudier. Son père est loin, c’est bien, mais son jeune fils aussi est loin. 
Elle lit, et brave son silence dans l’écriture. Elle se marie, publie, devient écrivain. Se bat pour sa liberté et son droit à vivre comme elle le souhaite. 
Avec pudeur et sans fard, Herbjørg Wassmo raconte ce qui fait une vie, en la présence majestueuse du Grand Nord.


J’ai commencé ce roman en étant très enthousiaste, j’avais lu de très bonnes critiques sur l’ensemble de l’œuvre de Wassmo et j’avais hâte de la découvrir. Mais au bout de quelques pages, j’ai eu du mal avec le style, avec le personnage. J’avais l’impression que cette femme qui se raconte était totalement en dehors de sa vie, qu’elle en était simplement spectatrice. Je continuais à découvrir la vie de la narratrice mais sans jamais éprouver de plaisir à cette lecture. Je trouvais l’ensemble sans émotions, sans sentiments, surtout par le fait qu’elle ne donne pas de nom à ses personnages : le garçon, la fille… J’ai mis le livre de côté, déçue en me disant que je reviendrai dessus plus tard. Ce que j’ai fait… et là, peu à peu, le miracle a opéré, j’ai été happé par la musicalité des mots et des phrases et j’ai enfin découvert un personnage, qui loin de ne rien ressentir, était au contraire une femme à fleur de peau : « Elle essaie aussi de dessiner ses rêves. Mais c’est démoralisant. Soit trop moche soit trop bête. Lui rappelle combien elle est lâche et fuyante. On dirait qu’elle ne fait qu’attendre. Elle patauge dans sa vie et attend ». Au fil des pages, on partage sa vie : son enfance, le collège, ses études d’institutrice, ce fils arrivé « par hasard », son mari, sa fille… avec toujours la même ombre au-dessus d’elle : son père… Et puis elle découvre la poésie et l’écriture et va devenir une auteure reconnue aussi bien du milieu littéraire que du grand public. Elle est arrivée enfin au bout de sa quête et à se fabriquer ce destin dont elle disait « rien ne sert de croire au destin, il faut le fabriquer soi-même ». Un très beau portrait de femme porté par un style qui sous son apparente rudesse, est empreint de sensibilité et de poésie. 

Merci aux Editions Gaïa et à Price Minister