dimanche 21 avril 2013

Froid mortel, Johan Theorin


Il y a pire qu’être enfermé dans la Clinique...
... ne pas pouvoir y pénétrer.
Une école. Un centre de détention psychiatrique. Entre les deux, un couloir souterrain... que les enfants franchissent régulièrement pour rendre visite à leur parent interné. Jan Hauger, qui a réussi à se faire embaucher au sein de ce dispositif expérimental étroitement surveillé, ne rate pas une occasion d’être leur accompagnateur. Mais que cherche-t-il ? Et que se passe-t-il réellement dans les sous-sols obscurs et labyrinthiques de la clinique ? Irrésistiblement attiré par des criminels dangereux et des malades incurables, ne risque-t-il pas de passer définitivement de l’autre côté ?
Virtuose des climats troubles et envoûtants, Johan Theorin remonte le fil d’un passé lourd de secrets. Un thriller sombre, machiavélique et implacable.

Un seul mot pour résumer ce livre : angoissant. Tout commence par l’embauche de Jan Hauger, puériculteur, dans une école maternelle un peu spéciale, puisqu’elle jouxte un hôpital psychiatrique. Les enfants de cette école sont les enfants des malades enfermés dans l’hôpital, et si Jan se fait embaucher, c’est parce qu’il cherche à entrer en contact avec l’un des patients. Les retours en arrière nous font découvrir qui il est réellement, comment et pourquoi il est arrivé dans cette école, s’il est le anti héros par excellence, il n’est pas ce type un peu niais que l’on pourrait croire. Tout est parfaitement calculé dans ce qu’il entreprend, et on le suit arpentant les sous-sols de l'hôpital avec la même angoisse que lui. Les autres protagonistes de l’histoire n’ont rien à lui envier, Hannah et Lilian sont poursuivies par leur passé, elles sont engluées dans un présent qu’elles subissent plus qu’elles ne le vivent. Tout est glauque à souhait et on se laisse entraîner dans une intrigue ficelée au millimètre avec la peur au ventre qui est là, omnisprésente. Tous sont sûrs de maîtriser leur destin, mais on s’aperçoit qu’ils sont tous manipulés par un bien plus méchant et bien plus intelligent qu’eux. Et quand arrive la fin, on reste abasourdis et en même temps soulagés que ça se termine, mais tout n’est peut-être pas vraiment fini… 


mercredi 3 avril 2013

Le tailleur de pierre, Camilla Läckberg




"La dernière nasse était particulièrement lourde et il cala son pied sur le plat-bord pour la dégager sans se déséquilibrer. Lentement il la sentit céder et il espérait ne pas l'avoir esquintée. Il jeta un coup d'oeil par-dessus bord mais ce qu'il vit n'était pas le casier. C'était une main blanche qui fendit la surface agitée de l'eau et sembla montrer le ciel l'espace d'un instant.
Son premier réflexe fut de lâcher la corde et de laisser cette chose disparaître dans les profondeurs..."
Un pêcheur de Fjällbacka trouve une petite fille noyée. Bientôt, on constate que Sara, sept ans. a de l'eau douce savonneuse dans les poumons. Quelqu'un l'a donc tuée avant de la jeter à la mer. Mais qui peut vouloir du mal à une petite fille ?
Alors qu'Erica vient de mettre leur bébé au monde et qu'il est bouleversé d'être papa. Patrik Hedström mène l'enquête sur cette horrible affaire. Car sous les apparences tranquilles. Fjällbacka dissimule de sordides relations humaines - querelles de voisinage, conflits familiaux, pratiques pédophiles - dont les origines peuvent remonter jusqu'aux années 1920. Quant aux coupables, ils pourraient même avoir quitté la ville depuis longtemps. Mais lui vouer une haine éternelle.

J’ai vraiment adoré ce troisième opus de Camilla Läckberg et j’ai retrouvé avec plaisir les protagonistes fétiches de l’auteure et le style fluide de l’ensemble.
Tout commence par cette petite fille retrouvée noyée et l’on se demande quel est le rapport entre cette macabre découverte et le récit de la vie d’un tailleur de pierres qui commence en 1923. Là est tout le suspens distillé au fil des pages, avec ces retours en arrière sur la vie de Agnes et de son mari Anders, le tout dans des chapitres très courts qui nous laissent sur notre faim à chaque fois. Le tout est remarquablement bien construit, on passe du passé au présent avec facilité, et peu à peu l’intrigue voit le jour. Autour de l’enquête principale, on assiste à la vie quotidienne de la paisible petite ville côtière de Fjällbacka qui cache bien des secrets. Encore une fois, la psychologie des personnages est toute en finesse, et certains portraits sont sans aucune complaisance. Chacun évolue au fil des romans, on retrouve bien sûr Patrick Hedström, flic toujours aussi intègre et fidèle à lui-même, entouré de ses acolytes, les uns efficaces, les autres d’une nullité sans pareil. Et bien sûr, il y a Erica qui vient d’accoucher d’une petite Maja, mais elle est confrontée à une réalité qu’elle n’imaginait pas, bien loin des clichés sur tous les bonheurs qu’est supposée apporter la maternité, au contraire, on la voit se débattre au quotidien avec ce bébé : « Patrick et elle pratiquaient une sorte de philosophie du « survivre minute après minute » avec Maja ». En trame de fond, on assiste aussi à la misérable vie d’Anna, la sœur de Erica, toujours engluée dans un quotidien fait de violence domestique dont elle espère toujours venir à bout pour offrir une vie meilleure à ses enfants, mais la réalité va la rattraper… Quant à Mellberg, il est toujours là, fidèle au poste, mais l’intrusion d’un personnage va chamboulée toute sa petite vie… Et autour de ce petit monde gravitent des personnages directement liés à l’enquête et au meurtre, certains cachant de lourds secrets, d’autres devant faire face à des situations difficilement gérables au jour le jour. A travers l’intrigue Camilla Läckberg aborde la pédophilie, l’autisme, les séquelles d’une vie détruite pendant l’enfance… le tout sans jamais tomber dans le voyeurisme. L’enquête elle-même tient le lecteur en haleine du début à la fin, on passe d’un rebondissement à l’autre sans aucun temps mort. Et les dernières pages nous apportent non seulement les clés du meurtre, mais aussi les prémices d’une nouvelle histoire qui laisse entrevoir un autre très bon moment de lecture.