dimanche 16 février 2014

Le passage, Justin Cronin


Il y a un siècle, le monde a sombré dans le chaos. Une épidémie, dont l’origine ne fut jamais identifiée, a transformé l’homme en mutant et réduit la civilisation à néant. Les derniers représentants de l’humanité vivent en colonie, luttant jour après jour pour survivre. 
Surgie de nulle part, une jeune fille vient à leur rencontre. Elle semble avoir 14 ans. Elle en a cent de plus. Elle est venue sauver le monde.

Ma fille m'a mis ce roman dans les mains et m'a dit "lis-le, tu ne seras pas déçue, c'est génial"… Et elle a eu tout à fait raison. Moi qui ne suis pas coutumière de ce style de littérature, je me suis régalée. Pas facile de parler de ce roman sans dévoiler l'histoire. 
Dans une première partie qui se passe de nos jours, on fait connaissance avec Amy, une enfant de 6 ans, abandonnée par sa mère dans un couvent. En parallèle, des militaires US entreprennent des recherches pour retrouver une expédition américaine disparue dans la jungle bolivienne. Pendant ce temps au Texas, deux agents du FBI "recrutent" des condamnés à mort. Ils proposent à ces hommes qui n'ont plus rien à perdre, de servir de cobayes à des expériences scientifiques. Sous l'effet d'un virus, ces hommes mutent et développent une force physique et psychologique hors du commun. Mais il faut aller plus loin dans l'expérience : injecter le virus à un être jeune pour voir comment il va évoluer, c'est Amy qui est "choisie", elle est enlevée par les deux agents, on lui inocule le virus. Et tout dérape, le monde bascule dans le chaos. C'est une partie captivante qui tient à la fois de la science fiction et du thriller. Et puis il y a la relation qui s'est développée entre Amy et Wolgast, un des deux agents du FBI… La seconde partie arrive, on fait un bond de 100 ans dans le futur. Une communauté a survécu à l'apocalypse, elle vit en vase clos. Les technologies n'ont plus cours, on découvre une civilisation qui vit dans la hantise d'une attaque de ces mutants mais aussi dans l'espoir d'être sauvée. On fait connaissance avec une pléiade de personnages tous aussi attachants les uns que les autres, ils ont un côté naïf, n'ayant jamais connu autre chose que cette vie en autarcie, régie par des lois très strictes dans un seul but de sécurité. Pendant toute la troisième partie, on suit une équipe de survivants dans un road-movie à travers une Amérique dévastée. L'écriture de Cronin nous permet de visualiser cet univers cauchemardesque fait de ruines, et il y mêle habilement tous les ingrédients qui nous tiennent en haleine : violence, peur, amour, espoir… Et quand arrive la fin, on se prend une claque (encore une…) et on en redemande. 1265 pages d'une lecture haletante et captivante. Et la suite "Les douze" m'attend déjà. 

Henri Cartier-Bresson, le photographe du siècle

En hommage à Cartier-Bresson disparu il y a maintenant 10 ans, Beaux Arts Magazine et le Nouvel Observateur sortent un hors-série consacré au "photographe du siècle" connu pour sa captation de "l'instant décisif". Outre les témoignages de Depardon, Salgado et bien d'autres, on découvre des aspects plus méconnus de son œuvre comme ses photos en couleurs ou ses croquis. Les clichés de ses rencontres avec Alberto Giacometti, William Faulkner ou les Joliot-Curie sont un pur chef-d'œuvre. On suit son parcours, son engagement politique, son attirance pour le surréalisme et le cinéma. Et surtout, on suit le Cartier-Bresson voyageur avec ses grands photo-reportages retraçant ses voyages en Chine et l'arrivée du communisme ou ses séjours en URSS.  Passionnant. Toutes ces photos ont marqué l'histoire du photo-journalisme et restent des références en la matière.
Un hors-série très bien conçu pour les afficionados et les autres.
Une vaste rétrospective de son œuvre se tient également du 12 février au 9 juin 2014 au Centre Pompidou.