dimanche 14 octobre 2012

Skin, Mo Hayder


Lorsque le corps d'une jeune femme est découvert aux abords d'une voie ferrée près de Bristol, la police, mobilisée par une enquête beaucoup plus médiatique, accueille avec soulagement le rapport d'autopsie concluant au suicide. Le commissaire Jack Caffery, pourtant, ne se range pas à cet avis. Convaincu qu'il s'agit d'un meurtre, il tente de faire part de ses doutes au sergent Flea Marley. Mais celle-ci, prise dans une tragique histoire familiale, n'est pas en mesure de l'écouter. L'un comme l'autre sont encore loin de s'imaginer vers quelle monstrueuse réalité ils s'acheminennt...
Sur un tempo tout aussi implacable que celui de "Rituel," "Skin" nous entraîne dans les abysses les plus noirs de l'âme humaine. Un voyage au bout de l'horreur parfaitement orchestré par Mo Hayder.

Je n'ai pas lu de Mo Hayder pendant un petit moment tant j'avais été déstabilisée par "Pig Island", sans parler de "Tokyo" ! "Rituel" m'avait réconciliée avec elle et quand je suis tombé sur "Skin", je me suis dit "pourquoi pas ?", ça ne pourra pas être plus gore que "Pig Island" ! J'ai retrouvé avec plaisir Flea Marley, plongeuse de l'unité sous-marine de la police, et Jack Caffery, électron libre de la police criminelle. Ce personnage traîne toujours ses vieux démons dans son sillage, ce qui le rend touchant mais aussi exaspérant, on aimerait qu'il passe à autre chose ! Quant à l'intrigue, si elle n'a rien de très innovant  elle est diablement efficace, distillant au compte goutte des détails plus macabres les uns que les autres… On se retrouve dans une enquête policière mêlée à des superstitions, les personnages dépravés y ont la part belle ! Et face à tout ça, le personnage de Flea se démène avec sa vie professionnelle et sa vie personnelle, elle apparaît terriblement humaine et va devoir faire face à une trahison qui va totalement l'anéantir et la conduire à agir de façon irréparable… Et tout ça sous le regard perdu de Caffery… Le tout est orchestrée de main de maître par une Mo Hayder au top de son "génie macabre" !

Le Montespan, Jean Teulé


Au temps du Roi-Soleil, avoir sa femme dans le lit du monarque était pour les nobles une source de privilèges inépuisable. Le jour où Louis XIV jeta son dévolu sur Mme de Montespan, chacun, à Versailles, félicita le mari de sa bonne fortune. C'était mal connaître Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan…
Gascon fiévreux et passionnément amoureux de son épouse, Louis-Henri prit très mal la chose. Dès qu'il eut connaissance de son infortune, il orna son carrosse de cornes gigantesques et entreprit de mener une guerre impitoyable contre l'homme qui profanait une union si parfaite. Refusant les honneurs et les prébendes, indifférent aux menaces répétées, aux procès en tous genres, emprisonnements, ruine ou tentatives d'assassinat, il poursuivit de sa haine l'homme le plus puissant de la planète pour tenter de récupérer sa femme…

Le style de Jean Teulé est une nouvelle fois réjouissant et son personnage du Montespan est un vrai régal : le plus célèbre cocu de France va affronter le plus puissant du royaume : Louis XIV lui-même ! Louis-Henri de Pardaillan, ne sera connu et reconnu que parce qu'il est le mari de La Montespan, mais ce mariage ne lui apporte pas le bonheur escompté, bien au contraire ! Sa ravissante épouse ne pense que paillettes et vie facile, le plus simple pour y arriver : s'attirer les bonnes grâces du roi, ce qu'elle réussit sans trop de mal ! Et si les maris cocufiés par le Roi en sont honorés et savent en tirer partie financièrement, Le Montespan, lui, est amoureux de sa femme et se refuse à la laisser au Roi. Son comportement est tragi-comique : on se délecte de le voir mettre des cornes sur son carrosse mais on s'attriste de le voir si malheureux, de voir qu'il ne peut rien faire contre le désespoir de sa fille qui se languit de sa mère. Il est seul contre tous mais jusqu'au bout, il ne renoncera jamais à récupérer sa femme, le seul amour de sa vie. Et comme toujours, le style de Jean Teulé permet à cette histoire de ne jamais être ennuyeuse ou déprimante, à lire donc !