dimanche 24 novembre 2013

La garçonnière, Hélène Grémillon


Ce roman est inspiré d’une histoire vraie. Les événements se déroulent en Argentine, à Buenos Aires. Nous sommes en août 1987. C’est l’hiver. Les saisons ne sont pas les mêmes partout. Les êtres humains, si. 

Si la question de ce livre est « qui a tué Lisandra », l’intrigue policière ne sert que de trame à une galerie de personnages qui ont tous en commun la souffrance et dont les sentiments sont exacerbés par cette souffrance. 
Lisandra tout d’abord, danseuse de tango et femme éperdument amoureuse de Vittorio son mari psychiatre, mais tellement fragilisée par d’anciennes blessures. Et quand la flamme qui la relie à Vittorio commence à s’éteindre tout doucement, elle est envahie par les affres de la jalousie « Je suis comme une vigie. Absorbée par le désastre à venir ». « J’ai des alertes plein la tête. Le danger règne en permanence ». Toutes ces pages où elle relate à Pepe, son professeur de danse, le lent cheminement de la jalousie dans sa vie, nous entraînent avec elle dans sa descente aux enfers. Ces phrases de Lisandra quand elle parle de Vittorio « Le désamour est progressif. Avant de n’aimer plus, on aime moins. Et encore moins et plus du tout. » résument à elles seules tout son désespoir.
Il y a aussi Vittorio, le psychiare, son mari. Pour la police, c’est lui qui a tué Lisandra, c’est tout « simplement » un drame passionnel. Vittorio, qui est celui par qui tout arrive. De pages en pages, on le découvre sous un jour nouveau et pas très flatteur…
Et puis il y a Eva-Maria, une des patientes de Vittorio qui est convaincue de son innoncence et qui va mener l’enquête. Mais Eva-Maria est abîmée par la vie : sa fille Stella a été éliminée par la junte. Et du jour de sa disparition, la vie d’Eva-Maria s’est arrêtée, elle a sombré dans l’alcool, son mari l’a quitté. Seul Esteban, son fils est resté à ses côtés. Ce fils qu’elle a oublié et qu’elle ne voit pas, et qui souffre de ce manque d’amour. En écoutant les enregistrements des cassettes des séances des patients de Vittorio, elle va être plongée à nouveau dans les horreurs commises par la junte et sa vie qu’elle essayait tant bien que mal, de remettre dans la « normalité », va de nouveau basculer dans le cahot. D’autres personnages vont passer au fil des pages, tantôt bourreau, tantôt victime, mais Eva-Maria ne saura jamais qui a tué Lisandra. Et le dénouement de l’intrigue arrive, terrible, nous laissant un goût amer.
Bien plus qu’un simple polar, « La Garçonnière » est pour moi un roman où les sentiments et la passion ont le rôle principal. L’amour, la solitude, la jalousie, la culpabilité sont décrits avec tellement de justesse, que même refermé, ce livre ne nous lâche pas.
Je ne connaissais pas Hélène Grémillon, mais cette découverte est superbe et son premier roman « Le confident » est mis sur la liste de mes prochaines lectures.

Merci à Price Minister et aux Editions Flammarion pour cette superbe lecture.


dimanche 3 novembre 2013

Thérapie, Sebastian Fitzek


Josy, douze ans, la fille du célèbre psychiatre berlinois Viktor Larenz, est atteinte d’une maladie qu’aucun médecin ne parvient à diagnostiquer. Un jour, après que son père l’a accompagnée chez l’un de ses confrères, elle disparaît. Quatre ans ont passé. Larenz est toujours sans nouvelles de sa fille quand une inconnue frappe à sa porte. Anna Spiegel, romancière, prétend souffrir d’une forme rare de schizophrénie : les personnages de ses récits prennent vie sous ses yeux. Or, le dernier roman d’Anna a pour héroïne une fillette qui souffre d’un mal étrange et qui s’évanouit sans laisser de traces... Le psychiatre n’a dès lors plus qu’un seul but, obsessionnel : connaître la suite de son histoire.

Voici un thriller psychologique qui nous entraîne dans une spirale infernale, et à un rythme d’enfer ! Très difficile d’en parler sans dévoiler l’intrigue… On suit Viktor Larenz dans la recherche de sa fille, mais très vite on ne sait plus où est la réalité et l’imaginaire. On est transporté au cœur de la schizophrénie au travers du personnage d’Anna Spiegel qui est particulièrement troublant. Les séances de psychothérapie font froid dans le dos, on ne sait plus qui essaie de manipuler l’autre. Le tout se passe sur une île, avec la tempête en toile de fond, et ce huis-clos est oppressant au possible. Le rythme est effrené, très efficace et on ne parvient que difficilement à lâcher le bouquin. Même si l’on voit venir plus ou moins le dénouement, le rythme des événements nous tient en haleine jusqu’à la fin, et le choix de Viktor Larenz m’a laissée perplexe, vraiment perplexe…