mercredi 14 janvier 2015

Ces instants-là, Herbjorg Wassmo

Elle grandit dans le nord de la Norvège, entre une mère insaisissable mais présente, une petite soeur qu’elle protège, un père qu’elle méprise avant de le haïr. Elle n’est pas coupable du mal qu’il lui fait. 
Puis elle aime le rock, la danse, les mains de l’apprenti électricien. Elle surnage face à la honte, part à la ville étudier. Son père est loin, c’est bien, mais son jeune fils aussi est loin. 
Elle lit, et brave son silence dans l’écriture. Elle se marie, publie, devient écrivain. Se bat pour sa liberté et son droit à vivre comme elle le souhaite. 
Avec pudeur et sans fard, Herbjørg Wassmo raconte ce qui fait une vie, en la présence majestueuse du Grand Nord.


J’ai commencé ce roman en étant très enthousiaste, j’avais lu de très bonnes critiques sur l’ensemble de l’œuvre de Wassmo et j’avais hâte de la découvrir. Mais au bout de quelques pages, j’ai eu du mal avec le style, avec le personnage. J’avais l’impression que cette femme qui se raconte était totalement en dehors de sa vie, qu’elle en était simplement spectatrice. Je continuais à découvrir la vie de la narratrice mais sans jamais éprouver de plaisir à cette lecture. Je trouvais l’ensemble sans émotions, sans sentiments, surtout par le fait qu’elle ne donne pas de nom à ses personnages : le garçon, la fille… J’ai mis le livre de côté, déçue en me disant que je reviendrai dessus plus tard. Ce que j’ai fait… et là, peu à peu, le miracle a opéré, j’ai été happé par la musicalité des mots et des phrases et j’ai enfin découvert un personnage, qui loin de ne rien ressentir, était au contraire une femme à fleur de peau : « Elle essaie aussi de dessiner ses rêves. Mais c’est démoralisant. Soit trop moche soit trop bête. Lui rappelle combien elle est lâche et fuyante. On dirait qu’elle ne fait qu’attendre. Elle patauge dans sa vie et attend ». Au fil des pages, on partage sa vie : son enfance, le collège, ses études d’institutrice, ce fils arrivé « par hasard », son mari, sa fille… avec toujours la même ombre au-dessus d’elle : son père… Et puis elle découvre la poésie et l’écriture et va devenir une auteure reconnue aussi bien du milieu littéraire que du grand public. Elle est arrivée enfin au bout de sa quête et à se fabriquer ce destin dont elle disait « rien ne sert de croire au destin, il faut le fabriquer soi-même ». Un très beau portrait de femme porté par un style qui sous son apparente rudesse, est empreint de sensibilité et de poésie. 

Merci aux Editions Gaïa et à Price Minister

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