Le
Père Noël a été assassiné juste avant le goûter d’enfants organisé par l’hôtel
de luxe envahi de touristes, alors s’il vous plaît, commissaire, pas de vagues.
C’est mal connaître le commissaire Erlendur. Déprimé par les interminables
fêtes de fin d’année, il s’installe à l’hôtel et mène son enquête à sa manière
rude et chaotique. Les visites de sa fille, toujours tentée par la drogue, ses
mauvaises fréquentations, permettent au commissaire de progresser dans sa
connaissance de la prostitution de luxe, et surtout il y a cette jolie
laborantine tellement troublante qu’Erlendur lui raconte ses secrets. Le Père
Noël était portier et occupait une petite chambre dans les sous-sols depuis
vingt ans, la veille on lui avait signifié son renvoi. Mais il n’avait pas
toujours été un vieil homme, il avait été Gulli, un jeune chanteur prodige, une
voix exceptionnelle, un ange.
Je
ne connaissais pas Arnaldur Indridason et n’avais rien lu de lui, mais
« La Voix » peut se lire
sans problème indépendamment des précédents.
Ce
qu’on peut dire, c’est que, dans cette histoire, la magie de Noël est bien
loin. On plonge directement dans une enquête glauque à souhait. De plus, comme
le crime a été commis dans un hôtel, l’impression de huis clos est
omniprésente, on est oppressé par ce lieu dont on découvre les coins et les
recoins, une ambiance lourde et pesante règne du début jusqu’à la fin.
L’enquête est remarquablement construite, Indridason nous distillant au
compte-gouttes les informations, les rebondissements succèdent aux fausses
pistes. La galerie des personnages est étonnante, que ce soit la victime qui
d’enfant star devient portier dans un hôtel et endosse le costume de Père Noël,
sa sœur et son père, enfermés dans une « non-vie » ou les autres
employés de l’hôtel qui ont tous quelque chose à cacher. Quant à Erlendur, le
responsable de l’enquête, la complexité de son personnage le rend très
attachant, il est bourru à souhait mais terriblement humain. Son passé lui
revenant en plein figure à chaque fois qu’il croise sa fille Eva Lind, toujours
en proie à ses démons. Leur relation est bien résumée par cette question
d’Erlendur : « Eva, est-ce que je t’ai volé ton
enfance ? », et sa question s’adresse également, et surtout à
lui-même, lui a-t-on volé son enfance ?
En
résumé, un bon policier, à l’atmosphère pesante, le tout servi par une écriture
d’une grande sobriété qui entraîne le lecteur dans un univers noir de la
première à la dernière page.
Un auteur que je n'ai jamais lu mais dont j'ai beaucoup entendu parler !
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas non plus et j'ai été agréablement surprise, à suivre donc !
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