Rudolf Noureev, le plus célèbre danseur de tous les temps, se livre entièrement dans ce témoignage inédit en France. Ce texte paraît en 1962, date à laquelle le fougueux danseur devient une star internationale. Étoile du ballet soviétique du Kirov, il choisit le 16 juin 1961, lors de sa première tournée en France, de passer à l’Ouest avec fracas, en faussant compagnie aux gardes du KGB à l’aéroport du Bourget. Star du jour au lendemain pour cet acte considéré à tort comme politique, Noureev, génie de la danse, allait conquérir les plus grandes scènes et révolutionner l’art du ballet.Dans ce texte, Noureev n’a pas seulement de flamboyants débuts à raconter, mais un destin à faire découvrir. Le destin d’un petit garçon soviétique né dans une grande pauvreté, et en passe de devenir une superstar occidentale façonnée par la toute-puissance médiatique des années 1960 et le contexte oppressant de la guerre froide.Toute la personnalité de Noureev y figure déjà, dans cette enfance nomade, dans ce caractère entier et volontaire, source de mélancolie mais atout essentiel pour oser transgresser l’autorité familiale, politique et artistique de son temps.
Cette autobiographie, qui vient juste d’être publiée en France, était avant tout un acte de survie pour Rudolf Noureev, elle lui a permis de rester en pleine lumière et cette médiatisation lui a sûrement sauvé la vie. En effet, elle paraît en 1962, quelques mois après qu’il ait décidé de fuir la Russie et de demander l’asile politique à la France. Il devint un traite à la toute puissante Russie et le KGB souhaitait l’éliminer. Pourtant, ce geste n’est pour lui en aucun cas politique, c’est la seule façon de pouvoir danser en "toute liberté". Si cet ouvrage nous fait découvrir (ou redécouvrir) sa vie, avec sa naissance dans une famille pauvre, un père qui ne veut pas qu’il devienne danseur mais surtout, qui n’a pas les moyens de lui payer le billet de train pour Leningrad où il aurait pu auditionner pour entrer à l’école de danse, il nous permet avant tout de retrouver un être d’exception pour qui la danse était toute la vie. Son incroyable soif de perfection faisait de lui un bourreau de travail, jamais satisfait, pensant pouvoir toujours faire mieux, et qui voulait moderniser la danse, permettre au danseur de donner toute son émotion au mouvement, et non pas être une marionnette reproduisant ce qui s’était déjà fait. Mais cette recherche de la perfection en a fait également un être fragile, tourmenté et colérique, exigeant avec les autres mais encore plus avec lui-même. Ce danseur hors du commun fut élevé au rang de rock star, et aujourd’hui encore, plus de vingt ans après sa mort, il est toujours considéré comme un génie de la danse classique. J’ai lu cette autobiographique d’une seule traite, et si je connaissais les grandes lignes de la vie de Noureev, là je suis entrée dans sa vie intime, de ses souvenirs d’enfance parfois incertains jusqu’à sa consécration.
Merci à Babelio et aux Editions Arthaud de m'avoir permis de redécouvrir cet immense artiste.