À l’heure trouble, entre chien et loup, un enfant disparaît sans laisser de trace dans les brouillards d’une petite île de la Baltique. Vingt ans plus tard, une de ses chaussures est mystérieusement adressée à son grand-père. Qui a intérêt à relancer l’affaire ? Et pourquoi toutes les pistes conduisent-elles à un criminel mort depuis longtemps ? Dans une oppressante atmosphère de huis clos, une histoire de deuil, d’oubli et de pardon, hantée par les ombres du passé. Numéro un des ventes en Suède, déjà traduit dans une dizaine de pays, ce suspense complexe et envoûtant a été élu Meilleur roman policier suédois 2007 par la Swedish Academy of Crime.
Après «Froid Mortel», c’est avec plaisir que j’ai retrouvé Johan Theorin, avec ce roman qui est son premier. Avec cette "Heure trouble", il nous entraîne dans une intrigue à l’atmosphère non seulement angoissante mais aussi envoûtante. Les personnages sont justes : Gerlof, le père âgé de 80 ans et Julia sa fille, quadragénaire dépressive. Entre les deux, le lien est rompu depuis ce jour où Jens, le petit garçon de Julia a disparu alors qu’il était sous la garde de son grand-père. Et quand Gerlof reçoit vingt ans plus tard une des chaussures de l’enfant, la douleur de Julia qui ne s’est jamais éteinte va reprendre le dessus et elle voit là une chance de comprendre enfin ce qui est arrivé à son fils. Julia va faire équipe avec son père rongé par la culpabilité, et ils vont essayer tant bien que mal de trouver la réponse à leur question. La tension psychologique est maintenue de la première à la dernière page, les flashback rythme l’ensemble et on a l’impression d’être happé par cette brume omniprésente. Johan Theorin nous fait partager la douleur, la culpabilité et la tristesse des personnages, et au-delà de l’intrigue policière, il nous donne à réfléchir sur la famille, la solitude. Son écriture précise donne à l’émotion toute sa dimension et nous conduit jusqu’au dénouement final qui nous laisse un goût amer. Une très belle lecture.