- Je vous demande pardon ?
- Les cinq bombes. Paris piégé. Dawa al-Islamiya, ajoute l’homme en arabe, avec un parfait accent constantinois qui lui glace le sang.
- Qui êtes-vous ?
- Quelqu’un qui a vécu en Algérie, il y a très longtemps, à l’époque ou ton père sévissait dans les Aurès. Quelqu’un qui te protège depuis une semaine, et qui va vous tuer, toi et lui, comme j’ai tué ton chien de frère il y a dix-sept ans. »
Dans une France en guerre contre elle-même, deux hommes sombres poursuivent une vengeance au long cours. La violence de leur idée fixe va renverser d’autres destins, puissants, infortunés, des dalles de la banlieue parisienne jusqu’au coeur de l’État.
Je dois dire que je suis plutôt partagée sur ce premier roman de Julien Suaudeau. L’histoire tout d’abord. Si elle débute dans les Aurès à la fin de la guerre d’Algérie, elle va se dérouler de nos jours. Un groupuscule terroriste menace de faire exploser 5 bombes dans Paris le 13 mars 2014, et à partir de là, nous allons suivre l’intrigue selon les différents protagonistes. On passe de la cité des 3000 aux ors de la République, des jeunes de banlieue sans espoir d’avenir aux hauts dignitaires avides de pouvoir. Julien Suaudeau dresse le portrait de ce qu’est sans doute notre société d’aujourd’hui : les dealers de banlieue, le jeune qui veut sortir de sa cité par la boxe, la jeune bourgeoise amoureuse du mauvais garçon, le flic désabusé qui veut se venger, les politiques en place qui ne pensent qu’au pouvoir… Peut-être ces personnages représentent-ils la réalité, mais je trouve qu’ils sont trop stéréotypés, et à trop mélanger les genres, l’intrigue s’étiole et passe au second plan. Moi qui aime les polars au style rapide et incisif, j’ai eu du mal à entrer dans le style très hermétique de Julien Suaudeau, il se perd en conjoncture et nous, nous perdons le fil. Et à travers toute cette histoire, il fait de la France un portrait très sombre, très pessimiste et j’espère qu’il a tort… Mais Julien Suaudeau a atteint son but : faire un livre qui interpelle, qui dérange aussi et qui ne laisse surtout pas indifférent.
Merci à Babelio et aux éditions Robert Laffont.